La majorité des personnes pensent l’école laïque, gratuite et surtout OBLIGATOIRE. Beaucoup sont donc surpris de nous voir en pleine semaine nous promener gaiement avec nos enfants. Non, ils ne sont pas malades, non nous ne nous cachons pas, non nous ne craignons pas la police, les services sociaux…. car oui l’instruction en famille dite IEF est un droit et nous avons fait ce choix.
L’IEF qu’est-ce que c’est ?
Actuellement en France, comme dans d’autres pays, seule l’instruction est obligatoire. Cela signifie que les parents ont le choix de mettre leur(s) enfant(s) à l’école ou de pratiquer l’instruction en famille.
En France : un peu d’histoire
Effectivement l’IEF a toujours été légale en France.
En 1882, la Loi de Jules Ferry père de l’école telle que nous la connaissons aujourd’hui précisait dans l’article Article L131-2.
L’instruction obligatoire peut être donnée soit dans les établissements ou écoles publics ou privés, soit dans les familles par les parents, ou l’un d’entre eux, ou toute personne de leur choix.
En 1948, ce droit a même été inscrit dans l’article 26-3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants.
Puis en 2000, dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union, Partie II de la Constitution européenne, article II-74-3 :
La liberté de créer des établissements d’enseignement dans le respect des principes démocratiques, ainsi que le droit des parents d’assurer l’éducation et l’enseignement de leurs enfants conformément à leurs convictions religieuses, philosophiques et pédagogiques, sont respectés selon les lois nationales qui en régissent l’exercice.
Depuis, de nombreuses lois ont fait évoluer l’IEF, tout comme l’école. Dans une idée de protéger les enfants et veiller à ce que tous bénéficient d’une réelle instruction, des contrôles ont peu à peu été mis en place par la mairie et l’inspection de l’Education Nationale, le socle commun de compétences et de savoirs a été adopté et l’âge de l’instruction obligatoire revue. Ainsi depuis 2019, cette instruction obligatoire concerne tout enfant résidant en France âgé de 3 à 16 ans.
Dans le monde
Tous les pays n’autorisent pas l’instruction en famille. Les conditions dans chaque pays sont en perpétuel changement. Voici ici un état des lieu visuel de la situation de l’instruction en famille dans le monde en 2016.
Vous pourrez trouver plus d’informations sur la légalité dans chaque pays en 2020 sur ce site
La pratique de l’IEF
Comme il existe différents courants pédagogiques au sein des écoles, il y a une multitude de manière de pratiquer l’instruction en famille. A vrai dire chaque famille a sa propre organisation mais dans les grandes lignes, un choix est fait entre
La méthode formelle : l’école à la maison aussi appelée le homeschooling
Ici les parents choisissent de donner des cours à leur enfant. Certains décident d’inscrire leur enfant à des leçons par correspondance s’assurant ainsi de suivre le programme. D’autres conçoivent eux-mêmes leurs supports pédagogiques permettant d’adapter les apprentissages aux goûts et besoins actuels de leur enfant.
La méthode informelle: Les apprentissages auto-gérés appelé unschooling
Aucun temps d’apprentissage formels n’est alors organisé partant de l’idée que l’enfant est naturellement curieux et a des capacités naturelles d’apprentissage. Toute situation est donc source d’apprentissage : la promenade, la confection du repas… L’univers dans lequel évolue l’enfant est source d’expérimentation, celui-ci se veut riche et varié. Cette méthode demande un vrai lâcher-prise de la part des parents, une vraie philosophie de vie.
Le film Être et devenir vous présentera un peu plus en détails le unschooling.
Une méthode mixte
Entre le homeschooling qui impose un rythme et programme d’apprentissage strict et le unschooling qui demande un réel lâcher prise, une méthode permet de mixer les deux. Laisser les enfants évoluer à leur rythme en prenant quelques temps d’apprentissages formels.
Notre histoire : nos choix
Des débuts formels
Lorsque nous nous sommes lancés dans l’aventure de l’instruction en famille, nous n’avions pas vraiment de connaissance dans ce domaine. Issue de l’Education Nationale, notre première approche était très formelle. Nous étions alors sédentaires, je veiller à acheter des jeux, des livres, je passais mes soirées à créer des supports qui plairaient certainement à ma fille en veillant à ce que ceux-ci permettent de travailler les compétences de Petite Section, car oui le livret de compétences de maternelle n’était jamais très loin. Ces débuts ressemblaient à ce que j’aurai pu faire en classe maternelle, sauf que là il n’y avait qu’une élève. L’émulation de groupe n’y était pas, alors quand Demoiselle refusait de faire l’activité proposée, celle que j’avais préparée avec soin rien que pour elle, l’affecte s’invitant dans la situation, les séances d’apprentissage formels finissaient par se transformer en séance d’apprentissage forcé. Une grosse remise en question est alors née. Nous n’avions pas choisi l’instruction en famille pour que nos enfants perdent leur curiosité et leur appétence naturelles pour les apprentissages.
C’est à ce moment, que nous avons découvert les différentes associations défendant l’IEF : LAIA, LED’A, UNIE et les associations locales. En nous rendant à des rencontres, nous avons découvert que nous n’étions pas seuls, les discussions ont enrichis nos connaissances en matière d’instruction en famille. Nous voulions désormais travailler sur nous même et apprendre à faire plus confiance à notre enfant, honnêtement ce n’est pas simple. Nous faisions petit à petit tomber nos croyances limitantes et peu à peu ce n’est pas simplement notre méthode d’instruction mais notre mode de vie qui s’est vu transformé. Nous adorions le voyage, nous mêmes adultes nous ressentions le besoin d’apprendre (sur le monde, sur l’écologie, la parentalité, l’instruction…), nous devenions nomades, notre école serait désormais : LE MONDE.
En route pour le worldschooling
Voilà un moment, que l’iodée du nomadisme nous trottait en tête, les rencontres avec les familles instruisantes libres dans leurs pensées et leurs actions ont fini de nous convaincre mais je n’étais toujours pas prête au total lâcher-prise par rapport aux apprentissages. Alors un nouveau deal est né. Nous mettrons la priorité sur les visites, expériences en extérieur et lorsque la météo ne serait pas clémente alors nous prendrons du temps pour faire des apprentissages plus formels. Avec du recul, j’en rigole encore car inconsciemment cela devait seulement être pour me rassurer car les destinations choisies ne se prêtaient vraiment pas aux apprentissages puisque le soleil y était omniprésent.
Au bout de quelques temps, ma mauvaise conscience professionnelle m’a rattrapé « il faudrait quand même se mettre au travail non ? ». Alors le nouveau compromis était de réaliser un carnet de voyage : une activité bricolage-dessin par lieu visité. Le temps a montré que c’était un compromis sympathique car notre fille s’est montrée motivée, cela permettait de partager nos ressentis sur les visites, de sélectionner les choses qu’elle souhaitait garder en mémoire puis de travailler les compétences de manière contextualisée. Je l’ai ensuite vu fière de montrer son carnet de voyage à qui voulait bien se prêter au jeu.
Voici des exemples de mon carnet de voyage version maternelle.
Et voici des exemples du mien mettant l’accent sur l’acquisition du langage
La priorité est donc toujours donné aux apprentissages autonomes en immersion avec une trace écrite ludo-éducative.
Nous nous sommes alors rendu compte de la richesse du worldschooling, nos enfants sont vite devenus plus compétents en géographie que leur papa ;o)
Nous voyageons la plupart du temps en woofing, cela signifie que nous donnons de notre temps pour réaliser des tâches chez des personnes qui nous hébergent. Cela permet d’être au plus près de la vie locale. Ainsi nos enfants, tout comme nous, s’imprègnent des différents us et coutumes en pratiquant, comparant. Ils remarquent aisément les similitudes, s’interrogent sur les différences et apprennent à les respecter. Nous les voyons heureux d’apprendre à danser les danses traditionnelles, les chants, les sonorités et mots des différents langages… qu’ils reprennent ensuite dans leurs jeux libres. Le woofing nous amène également d’écolieux en ferme et nos enfants voient ainsi de nombreux paysages et animaux. Ils ont eu la chance d’appendre à s’occuper autant de chèvres que de tortues marines, de coraux, de cocotiers ou de courgettes. Les cycles de vie n’ont plus de secret pour eux sans même avoir eu besoin de longues leçons sur le sujet.
Par notre vie nomade, nous sommes en perpétuel adaptation. Nos enfants par le worldschooling apprennent également cela, savoir s’adapter. une compétence que l’on pense essentielle pour l’avenir.
Une question revient souvent : celle de la socialisation.
Nous avons bien sûr conscience que tout le monde a besoin d’un réseau d’amis. Nos enfants ont également ce besoin là. Nous voyons qu’ils sont en recherche dès que nous arrivons dans un lieu d’enfants de leurs âges. Nous allons souvent dans les parcs de jeux, nous nous mettons en relation avec d’autres familles ief en amont par les réseaux sociaux et surtout nous gardons le lien avec les amis qu’ils se font et rencontrent régulièrement les amis en France dès que nous sommes de retour. Cela est essentiel à leur équilibre et le nôtre, essentiel pour le bon déroulement de l’instruction en famille.
Comment faire école à la maison : démarches pour instruire son enfant en famille
Afin de pratiquer l’instruction en famille vous devez envoyer une déclaration à votre mairie ainsi qu’au DASEN de l’inspection académique dont vous dépendez dans un délai de 8 jours à partir du jour de déscolarisation de l’enfant.
Cette déclaration se fait par écrit et doit comporter les informations suivantes :
- Nom, prénom, date de naissance et adresse de l’enfant
- Noms, prénoms et adresse des parents de l’enfant
- Adresse où est dispensée l’instruction si elle est différente de celle du domicile.
Vous pouvez trouver des modèles de lettres ici.
Le DASEN enverra ensuite un justificatif d’instruction en famille. Un contrôle de la mairie sera effectué une fois tous les 2 ans et un contrôle par l’Education Nationale une fois par an.
L’IEF en danger
Le 2 octobre 2020, le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé lors de son discours la possibilité d’interdire l’instruction en famille et ainsi rendre l’école obligatoire à partir de septembre 2021. Il explique les raisons de ce choix par une volonté de lutter contre le radicalisme religieux et communautaire. Nous avons vu dans l’historique que ce droit avait été inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, et dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union. Cette loi irait donc à l’encontre de de ces textes et met ainsi les valeurs fondamentales de la démocratie sont en danger.
De plus , il est important que cette liberté de choisir soit préservée. Nous le voyons notamment en cette période de crise où de nombreuses familles dont les enfants sont scolarisées décident de les enlever de l’école pour ne peut pas leur imposer le port du masque ou les préserver d’un contexte anxiogène. Si l’instruction en famille est interdite cette possibilité de retirer les enfants même temporairement dans ce genre de contexte ne sera plus possible. Le fait que l’IEF soit légale est une chance pour toute les familles.
C’est pourquoi, il nous semble que ce projet de loi devrait être porté à la connaissance de tous et devrait concerné tout le monde. Car une liberté est remise en question qui peut nous garantir que les autres ne seront pas en danger ensuite….
Ce n’est encore qu’un projet de loi qui doit être discuté et voté. De nombreuses actions se sont donc mises en place pour lutter contre cette interdiction, retrouvez-les à vous joignant aux associations LAIA, UNIE ou LED’A
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