Le Nouvel an lunaire : une histoire de calendrier
L’histoire du calendrier
De tout temps , l’homme a voulu se repérer dans le temps. Il a très vite noté le rythme cyclique de la nature qui l’entoure et a rapproché ce cycle aux astres. Ainsi le premier découpage temporel créé a été celui du jour. Un jour étant la période qui sépare 2 levers de soleil soit 24 heures. De la même manière une lunaison a été définie comme étant l’intervalle entre 2 nouvelles lunes, c’est le début des mois. On trouve de nombreuses traces d’observation du cycle des astres sur les monuments mégalithiques, comme à Brú na Bóinne, sur les pyramides aztèques ou égyptiennes….
Mais le premier calendrier date du 5e millénaire avant J-C. Il a été découvert dans le sud de l’Égypte, à Nabta Playa. Constitué de pierres levées, il était basé sur les mouvements de la lune et comptait 12 mois composés de 29 ou 30 jours. Il était possible de rajouter des jours, ou même des mois supplémentaires pour rester en adéquation avec les différentes saisons de l’année.
Le tout premier calendrier était donc un calendrier lunaire. Les égyptiens plus tard ont décidé de transformer le système pour se baser sur 4 repères solaires : les deux équinoxes et les deux solstices. Ils inventent ainsi l’année de 12 mois et par là même le calendrier solaire.
Le monde se retrouve alors avec deux types de calendriers dont les systèmes vont se diffuser dans le monde. Le temps, l’histoire et les nouvelles connaissances sur l’astronomie vont faire évoluer ces deux types de calendriers. Aujourd’hui, le calendrier le plus répandu est le calendrier solaire grégorien, mis en place par le pape Grégoire XIII en 1582. Il découpe les années en 12 mois, commence au 1° janvier. Le décalage avec les astres est corrigé par le système d’années bissextiles. Chaque jour est associé à un nom de saint de l’église.
Le calendrier lunaire est surtout utilisé dans le monde arabe, comme son nom de calendrier hégirien l’indique il s’est emprunt de la culture musulmane.
Mais certaines cultures ont décidé de baser leur division du temps sur le cycle de la Lune en prenant en compte le rythme des saisons. C’est ainsi que des calendriers luni-solaires ont vu le jour. L’année est rythmée par la course de la Terre autour du soleil et les mois par celle de la Lune. Un réajustement est prévu tous les 3 ans avec l’ajout de mois intercalaire. Les années n’ont donc pas le même nombre de jours ni le même nombre de mois. Le Nouvel an n’est donc pas à la même date chaque année. Ce calendrier était utilisé durant l’Antiquité par de nombreuses civilisations : Grecs, Romains, Chinois… Aujourd’hui il sert surtout chez les Hébreux et les pays asiatiques pour déterminer les dates de fêtes traditionnelles et religieuses.
Le calendrier asiatique
La plupart des pays asiatiques utilisent donc deux types de calendriers : le calendrier grégorien dit « occidental » officiel et le calendrier luni-solaire dit « agricole ». C’est ce dernier qui donne naissance aux grandes festivités qui font la renommée de ce qu’on appelle à tort le « Nouvel an chinois ». Les mois de ce calendrier comportent et commencent le jour de la Nouvelle Lune. On observe un cycle de 12 années. Chaque année est associée à un animal (diffère selon les pays) qui l’enrichit de son trait de caractère spécifique : celle du rat ou Souris, Bœuf ou Vache ou Buffle, Tigre, Lapin ou Chat, Dragon, Serpent, Cheval, Chèvre ou Bélier, Singe, Coq ou Phoenix, Chien, Cochon ou Sanglier ou Éléphant.
Plusieurs légendes expliqueraient le choix de ces animaux, je vous en présente une dans l’article Nouvel an asiatique : les animaux du zodiaque
Le nouvel an asiatique
La nouvelle année asiatique commence toujours par une nouvelle lune. Les festivités visent à fêter le passage de l’année mais aussi le printemps et durent quinze jours. Elles débuteront lors de la deuxième nouvelle lune depuis le solstice d’hiver quand le soleil se trouve dans le signe du Verseau, cette date varie donc chaque année mais tombe toujours entre le et le
Le déroulement traditionnel
La semaine précédant le Nouvel an se déroule « le Petit Nouvel An », on y célèbre alors le départ du Dieu du Foyer. Celui va rapporter les méfaits et bonnes actions de la famille à l’Empereur de Jade. Afin de l’inciter à relater que les bonnes actions, des offrandes sont faites à son portrait affiché. Celui-ci est ensuite brûlé et de nouveau affiché quelques jours plus tard pour signifier son retour dans les lieux. Un grand ménage de la maison est fait et on affiche des souhaits de bonheur sur des banderoles rouges à la porte et un peu partout.
Le soir du réveillon se passe chez les aînés. Cette réunion familiale est l’occasion d’échanger de petites enveloppes rouges contenant un peu d’argent et un message visant à porter chance et fortune pour l’année à venir. Une guirlande de pétards devaient être allumée par chaque foyer à minuit (aujourd’hui cela dépend des réglementations de chaque ville). Le premier jour est traditionnellement réservé aux visites familiales. Beaucoup vont aux temples et visiter les tombes des ancêtres. On y brûle de l’encens mais aussi des billets d’une monnaie particulière destinée à garantir aux défunts la prospérité dans l’au-delà.
Durant les quinze jours de festivités de nombreuses danses du lion ou du dragon des parades, des danses traditionnelles, concerts vont être organisés, les rues sont parées de lanternes, guirlandes aux tons rouges et or, les fêtards s’habillent en habits neufs. On fête alternativement le dieu de la richesse et celui du ciel.
Comment se fête-t-il en Malaisie ?
La Malaisie accueille des communautés aux cultures diverses. Il y a entre autres de nombreuses personnes venues de Chine ayant apporté avec elles leurs dialectes, leur culture et ainsi leurs fêtes, c’est pourquoi le Nouvel An lunaire est fêter un peu partout en Malaisie. On pourra ainsi profiter des festivités bien sûr à Penang où la communauté chinoise est plus nombreuse que les autochtones mais aussi à Kuala Lumpur où tous les « malls » (centres commerciaux) accordent une place particulière à cette tradition sans oublier dans tous les China town du pays.
On voit tout d’abord le ciel des villes s’orner de milliers de lanternes rouges et or. Des esplanades sont décorées à l’effigie de l’animal de la future année ou avec des décorations plus spécifiques.
Durant les quinze jours précédant le Nouvel an des danses du lion sont organisées dans les malls et les China Town. Selon les troupes certaines danses sont plus artistiques, d’autres plus acrobatiques toujours accompagnées de tambours. Ces lions articulés cachant les danseurs sautent, dansent et lancent des oranges dans le public. Attention les enfants adorent mais réclament encore un an après une danse à chaque fois qu’ils mangent une orange. A vos risques et périls donc.
Durant cette période, si vous poussez la porte d’un temple chinois, il n’est pas rare de trouver une famille qui brûle un tas de billets du diable et de faux lingots d’or ainsi que de l’encens pour aider les défunts à passer à la nouvelle année de manière prospère.
Des concours d’orchestres asiatiques sont organisés. Une chouette manière de découvrir les instruments traditionnels comme le Xun, la suona, le sheng, l’erhu, la pipa ou le zheng… Nous avons adoré écouter les différents styles et aller à la rencontre des musiciens. Ils étaient abordables et heureux de se prêter au jeu en montrant aux enfants leurs instruments, les faire essayer et se laisser prendre en photo.
Des exhibitions d’un art particulier sont parfois organisées, mais plutôt rares, celles du Bian Lian ou « face changing ». Si vous avez l’occasion d’assister à un de ces spectacles nous vous conseillons fortement d’y aller et d’être attentif. Un artiste, en quelques minutes, change de têtes un nombre hallucinant de fois. Éblouissant et troublant.
Vous pourrez également assister à des danses de groupe aux tambours. Les joueurs exécutent des œuvres musicales en tapant les tambours avec des baguettes et effectuent en même temps une danse parfois acrobatiques et toujours spectaculaires.
Tous comme les petits occidentaux, les enfants attendent là-bas l’arrivée des trois étoiles du bonheur représentées par Fu, Lu et Shou. Ces personnages représentant respectivement la chance, l’honneur et la longévité distribuent des petits chocolat et posent facilement avec les familles pour les photos. Les rencontrer seraient un bon présage pour l’année à venir.
Question présage, vous pourrez aussi accrocher des vœux avec des rubans à des arbres de chance, collectionner les traditionnelles enveloppes ou déguster un biscuit de fortune contenant un message porte-bonheur.
Après quinze jours les lions laissent place aux dragons. C’est eux qui achèveront la période de festivités avec leurs danses et leurs défilés.
A ne pas rater si vous êtes à Penang lors de ces festivités , la visite du temple de Kek Lok Si qui est entièrement décoré pour l’occasion. Durant un mois, vous pourrez visiter ce temple illuminé, profiter des feux d’artifice qui y sont organisés voir partager un repas avec les moines si comme nous vous avez la chance d’y être invités. Superbe de près comme de loin.
Nous avons adoré la période du Nouvel an lunaire. Des animations étaient vraiment proposées partout, il nous a suffit de demander les programmes directement dans les malls ou à l’office de tourisme. Bonnes festivités.
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